Bienvenu à Jefferson Island

Mise en quarantaine après l’apparition d’un virus mortel, celle-ci est le théâtre de l’émission de télé réalité la plus cruelle au monde : the Deathmatch, sorte de combat de gladiateurs des temps modernes. Ici, la loi du plus fort est de mise, pas d’abandon possible, si t’es trop faible t’es mort. Organisés par des oligarques millionnaires, ces jeux poussent les participants à combattre jusqu’à la mort, dans des joutes de plus en plus violentes, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. Vous incarnez Jack, juste Jack (ah bon ? il a pas de prénom ?) homme mystérieux, visiblement accro à la cigarette et aux bains de sang, équipé au bras droit d’une tronçonneuse rétractable très efficace pour se frayer un chemin dans cette jungle urbaine. Relié via son oreillette à son agent « artistique », Mr 13, imposé par son sponsor, celui-ci le guidera tout au long de la partie et l’informera sur les prochains combats à venir, le but étant ici de rester le dernier en vie afin de récupérer le pactole mis en jeu. Mis à part l’argent, les motivations de Jack restent tout aussi obscures qu’énigmatiques.

Dans ce beat’em all en vue à la troisième personne, le déroulement du jeu est assez simple. La ville est découpée par quartier, chaque quartier contenant plusieurs stages à effectuer, chaque stage étant tenu par un boss au rang bien évidement inférieur au votre. Conçu comme de grandes aires de jeu, vous devrez dans ces stages démembrer tout ce qui fonce sur vous à grand renfort de claques dans le baigneur. Simple? Oui. Classique? Pas vraiment car pour obtenir un rendez vous avec le taulier du coin, il faudra accumuler les points (ou les poings, ça dépend). C’est en gonflant votre score et seulement à ce prix que ce dernier daignera sortir de son coma léthargique pour vous combattre (ou pour se prendre une taule, ça dépend aussi). Les points sont obtenus en zigouillant du cyberpunk made in Mad Max, avec vos petits poings, votre tronçonneuse mais aussi tout ce qui traîne autour de vous. Pneus, caisses, bennes à ordures, panneaux de signalisations, trains, arbres, etc. quasiment tout est utilisable pour vous permettre d’achever vos ennemis avec panache. Pour engranger un maximum de points vous pourrez même cumuler plusieurs de ces objets. Vous pourrez, par exemple, emprisonner un ennemi avec un pneu, lui planter un (ou plusieurs) panneau(x) dans l’œil, accessoirement le regarder déambuler hagard en se foutant de sa gueule et le finir en le jetant sur un mur de pics.

Malgré la violence extrême (ou grâce) le tout reste très agréable à jouer, très défoulant, surtout après une journée de boulot à moitié bloqué dans les bouchons. S’en est presque marrant de trouver de nouvelle façon de tuer, oui je sais ça fait un peu serial killer mais en fait non, à base de : «si ça te démange, je vais te gratter le dos à coups de rames de métro ». Les commentateurs, émission de télé oblige, ne sont d’ailleurs pas en reste. Ça jure, ça vanne, ça n’arrête pas. Souvent drôle et doublé en français qui plus est, c’est un vrai régal pour les oreilles et le tout se marie à merveille avec l’ambiance générale. On sent que l’accent est mis sur l’humour, de l’aveu même des développeurs d’ailleurs, pour dédramatiser la violence générale. Et pour être honnête ça marche plutôt bien.

Les niveaux sont agrémentés de bonus, déblocables par paliers de points, tels que des armes (battes de base-ball cloutées, sabres, etc.) ou directement liés à l’environnement comme l’apparition de bus, trains, etc. le tout équipé bien sur de pics et autres joyeusetés du même calibre, évidement là pour vous offrir de nouvelles perspectives artistiques dans votre nouveau métier de boucher. Attention toutefois à l’utilisation des armes, car celles ci ont une durée de vie limitée mais elles pourront heureusement être mises de coté, via la croix directionnelle de la wiimote, afin d’être ressorti plus tard, par exemple lors d’un combat contre un boss.

Coté gameplay, Jack se déplace avec le stick, on peut filer des crochets ou des uppercuts à coups de wiimote, des directs avec le bouton A et des coups de tronçonneuse en combinant le bouton B à un mouvement de wiimote, on esquive en secouant le nunchuck, on lock avec C et on saute avec Z. On peut attraper des objets mais aussi agripper des ennemis en maintenant A appuyé et éventuellement si la bestiole gigote de trop on pourra toujours lui filer deux ou trois coups de boules en secouant le nunchuck pour ensuite l’achever avec un coup fatal en effectuant à la wiimote les instructions apparaissant à l’écran. La palette de coup est plutôt conséquente, entre les combos à effectuer avec les boutons, les coups à mimer avec la wiimote, les sessions de QTE et les objets environnants il y aura matière à inspirer le moins inspiré d’entre nous.

En milieu de niveau, toujours grâce aux points accumulés, se débloquera le fameux « bloodbath challenge », sorte de mini jeux dans le jeu, ce sont ceux là même qui seront jouables plus tard en multi joueur une fois débloqués dans la partie solo. Le principe ici est de faire un maximum de points dans une limite de temps impartie dans des épreuves telles que le lancer de fléchettes humaines ou le feu d’artifices de cadavres préalablement plantés dans des bidons bourrés d’explosifs. Distrayantes mais sans plus, ces épreuves auront au moins le mérite d’exister, ne serait ce que pour le sempiternel gag à répétition du présentateur, le fameux Baron Noir, trucidé par son assistante, apportant encore un peu plus de contenu à l’ensemble du jeu déjà bien fourni côté distractions.

Une fois le quota de point acquis, le boss fera son apparition. Pas spécialement compliqué, le plus souvent il suffira de faire preuve d’un bon timing en enchainant une série d’esquive / contre attaque suivi d’une session de QTE à réaliser avec votre joli couple wiimote / nunchuck. Tel un mano à mano, le combat contre celui ci reste un des moments les plus sympathiques et les plus intenses du jeu surtout à l’exécution de ces QTE où chaque coup sera lancé en respectant les instructions à l’écran ou en secouant les manettes frénétiquement. Très charismatiques ces derniers ne sont pas sans rappeler ceux de No More Heroes. D’ailleurs le parallèle avec ce dernier parait assez évident. Entre le classement de tueur, le style graphique particulier, le ton décalé, les blagues salaces et l’humour omniprésent, l’ensemble fait immanquablement penser au titre de Grasshopper Manufacture, la classification 18+ en plus et la censure en moins.

Histoire de varier les plaisirs certains stages seront à effectuer cheveux au vent au guidon de votre belle américaine pour des « ride » sauvages sur les autoroutes de Varrigan city. Evidement pas de vacances lors de ces séquences puisque vous rencontrerez toujours autant de relous qui tenteront bien sur de vous faire gouter au joie du rail de sécurité. Tel un romain sur son char il faudra se débarrasser des assaillants venants de part et d’autre de la route, toujours à coups de poings et de tronçonneuse avec à la clé un combat contre un boss.

Tant de choses à faire et si peu de temps….

Tout sympathique qu’il est, Mad World n’en est pas moins exempt de défauts. Tout d’abord la gestion calamiteuse de la camera, qui de plus ne peut pas être réglée manuellement, la faible durée de vie, compensée par un bon taux de rejouabilité, la relative répétitivité, plus liée au genre qu’au jeu lui-même, le frame rate qui chute dangereusement lorsque le nombre d’ennemis s’accroît ou bien encore le mode multi anecdotique et vite ennuyeux. Malgré tout ça, Mad World reste une formidable expérience de jeu et il serait dommage de passer à côté, ne serait que pour les éditeurs comme Sega, qui prennent des « risques » en sortant autre chose que des party games. Ne serait ce que pour prouver que les jeux matures ont aussi leur place dans la ludothèque Wii, d’autant plus quand ils sont si bons. Le jeu est tellement à contre courant, de ce qui se fait sur la console, qu’il fait forcement parler de lui. Mais ce n’est pas la seule raison, c’est aussi parce qu’il est bourré de qualités. Perso j’adhère complètement au concept. L’aspect graphique si particulier avec ces grosses giclées d’hémoglobine, ça touche BD avec les cases qui s’entremêlent lors des cut scene, les diverses onomatopées lors des combats, les musiques hip/hop entraînantes, le coté grand défouloir, l’humour adulte, la diversité des situations proposées avec des idées plus dingues les unes que les autres, l’extreme violence tellement exagerée qu’on ne peut la prendre qu’au second degré, j’en passe et des meilleures. Tout simplement indispensable à tout gamer qui se respecte.